Les éléphants
Publié le 15 Janvier 2018
Lorsque je vivais en Afrique, j’avais une peur bleue des éléphants. Pas des lions ou des rhinocéros, non, j’avais peur des éléphants ! Quand nous allions dans les réserves, pourtant bien à l’abri dans notre voiture, je me sentais toute petite à côté d’eux. Je demandais toujours au guide de ne pas trop s’approcher. J’avais l’impression que d’un coup de patte, ils pouvaient retourner la voiture. J’en avais peur, surtout des grands mâles solitaires avec leurs énormes défenses, mais qu’est-ce que je les aimais ! Quelle sérénité se dégageait des troupeaux. Quand nous étions assez loin et qu’eux ne pouvaient pas nous voir, j’adorais les observer avec les jumelles. J’aimais en particulier observer les mères avec leurs petits, surtout lorsque le troupeau était près d’un point d’eau. Comme c’était drôle de les voir s’asperger avec leurs trompes, ou se rouler dans la boue !
De retour en France, étrangement ce sont les éléphants qui m’ont le plus manqué. Et lorsque par hasard il m’arrivait d’en croiser un, au détour d’un cirque ou d’un zoo, j’étais alors emplie d’une immense tristesse. Voir ces géants enfermés dans des cages minuscules, ou cloîtrés dans des enclos ridiculement petits, m’apparaissait comme une aberration. Je ne pouvais plus les voir autrement que marchant en liberté dans la savane africaine !
(texte rédigé lors d'un atelier d'écriture à la résidence seniors "Le Mabilais", à Rennes)